Les conditions de vie indignes des réfugiés en Slovénie
Des migrants enfermés qui dorment à même le sol sans matelas. Des couvertures en nombre insuffisant pour se tenir au chaud, des vêtements et des bouteilles en plastique brûlés pour se réchauffer un peu. Les conditions de vie dans le camp slovène de Brezice, à la frontière avec la Croatie, sont « inhumaines », selon la photographe française Anne A-R, qui a pu y pénétrer mardi 27 octobre au soir. Choquée, elle a envoyé ses images au Monde.
Principal lieu d’accueil des migrants en Slovénie, ce camp est situé à une dizaine de kilomètres de la frontière croate, d’où arrivent les réfugiés en route pour l’Autriche. Plusieurs milliers de réfugiés y étaient jusqu’à mercredi enfermés en permanence, en attendant d’être enregistrés par la police. Depuis, les migrants sont orientés dans un nouveau camp, à Dobova.
Même si celui-ci est mieux équipé, des affrontements avec les forces de l’ordre y ont été filmés par les bénévoles présents sur place. Comme à Brezice, la police slovène en interdit l’accès à la presse et les migrants n’ont pas le droit d’en sortir, sauf pour monter dans les bus à destination de l’Autriche. Selon les bénévoles, les migrants sont toutefois désomais amenés directement en train à Dobova et n’ont plus à marcher au milieu des champs.
Plusieurs centaines de migrants étaient cependant encore retenus mercredi soir à Brezice, dans l’attente d’un bus.
« De la fumée toxique partout »
Anne A-R, qui mène un projet artistique baptisé « I am with them » sur les migrants, a pu prendre des images dans ce camp installé près d’un commissariat en cachant son appareil et en se réclamant de l’Unicef, qui finance son projet. « Les migrants sont parqués dans un enclos qui est un terrain vague derrière le commissariat. Il n’y a pas assez d’eau ni de nourriture. Mardi, il a fallu attendre 23 heures pour que des couvertures soient distribuées », assure-t-elle. Après avoir marché sous escorte policière depuis la frontière, « les migrants restent ici au moins vingt-quatre heures, sans tente ».
Ses images montrent des hommes, des femmes et des enfants tentant de dormir à même le sol. Certains ont allumé des feux pour se réchauffer un peu. « Ils brûlent des vêtements et du plastique, du coup, il y a de la fumée toxique partout. »
Depuis lundi 19 octobre, la Slovénie fait face à l’arrivée massive de migrants qui souhaitent rejoindre l’Allemagne. Ce petit pays des Balkans de 2 millions d’habitants a fait les frais de la fermeture de la clôture installée à la frontière entre la Croatie et la Hongrie, le 17 octobre. En dix jours, le pays a accueilli près de 95 000 migrants. Le premier ministre slovène, Miro Cerar, a rapidement expliqué que les autorités étaient débordées. S’il a appelé à l’aide les autres pays européens, le gouvernement slovène a assuré, lundi 26 octobre, qu’il faisait tout pour gérer les arrivées « de manière sûre et humaine ».
«Un toit pour l'hiver» : déjà cinq tentes pour les réfugiés
Cinq tentes en cours de fabrication sur Massat vont prochainement rejoindre les camps de réfugiés du nord de la France et fournir un abri solide et confortable aux populations en souffrance. Le projet «Un toit pour l'hiver» avance à grands pas grâce à Jeni Quarks, qui le porte, et grâce à son équipe de bénévoles puisqu'ils sont une vingtaine à s'être mobilisés pour soutenir son action. «Je ne suis pas étonnée de l'engouement soulevé localement par ce projet, c'est difficile de ne pas être touché par tout ce qui se passe en France mais aussi dans le reste de l'Europe.» L'idée de Jeni est de s'appuyer sur les compétences de chacun ; elle sait faire des yourtes et des tipis, elle propose de fabriquer des tentes adaptées aux grands froids. La commande de la toile a été faite et elle devrait arriver sur Massat dans quelques jours. Une équipe de bénévoles a aidé à la découpe du bois pour les armatures. L'équipe des chaudronniers a démarré la fabrication des poêles, «mais s'il y a des gens qui s'y connaissent en tuyaux de poêle et qui acceptent de nous conseiller, on est preneur, car c'est un poste qui risque de nous coûter un peu cher», complète Jeni, qu'on appelle déjà dans le nord de la France «la reine des tentes». Autre poste à finaliser : la lumière. «Je suis en négociation avec une compagnie qui fournit la lumière solaire et dynamo dans des pays du tiers-monde, mais moi je ne m'y connais pas trop ; alors, là encore, tous les conseils sont les bienvenus.»
Prochaine action pour soutenir le projet «Un toit pour l'hiver», un vide-greniers, dans le cadre de la foire d'automne de Massat, le samedi 31 octobre, sur les allées du Pouech. Possibilité de donner des objets à vendre et aussi d'aider à la tenue du stand (contact vide-greniers : Bart, tél.06 56 85 00 92). 100 % des bénéfices iront au projet.
Pour contacter Jeni Quarks, tél. 06 71 31 55 14. Vous pouvez aussi et toujours envoyer vos dons, à l'ordre de MassatHuma, à MassatHuma, route du Port, 09320 Massat.
Exilés de Calais : Médecins du Monde et le Secours Catholique en appellent à la Justice
Face aux insuffisances criantes des pouvoirs publics, nous déposons un recours en référé devant le tribunal administratif de Lille
Malgré les multiples demandes émises par nos associations, malgré les nombreuses recommandations énoncées par le Défenseur Des Droits, le ministre de l'Intérieur vient d'annoncer et de mettre en œuvre certaines mesures qui ne répondent toujours pas aux questions posées par la présence de milliers d'exilés à Calais.
La mission médicale interministérielle récente recommande entre autre une médicalisation de proximité pour répondre à l’urgence sanitaire mais les moyens proposés par les autorités ainsi que les délais restent flou alors que les besoins en santé sont réels et nécessitent des réponses rapides.
En plus des dispositions humanitaires bienvenues pour protéger femmes et enfants, le ministre a aussi évoqué un plan visant à créer des centres de "mise à l'abri", dont on ne connait encore ni la localisation, ni les conditions prévues pour un accompagnement médico-social et juridique, ni les modalités pratiques de mise en œuvre. Ce dispositif à peine annoncé, nous assistons depuis quelques jours au placement contraint de dizaines de personnes dans les centres de rétention aux quatre coins de la France. Ces mesures absurdes rappellent les modalités de destruction de la jungle en 2009 et font peser un doute sur le rôle de ces centres de « mise à l’abri » sensés créer un lien de confiance et permettre un accès aux droits fondamentaux des exilés.
Ces derniers événements - justifiés par la formule répétée à l'envie de l'équilibre entre "fermeté et humanité" - illustrent ce qui caractérise la politique des pouvoirs publics depuis deux ans à Calais : une indécision - voire une improvisation permanente - quant au choix politique à faire qui conduisent finalement à des réponses sous calibrées qui laissent des milliers de personnes dans le plus grand dénuement. Que cherche le Gouvernement ? Une réponse globale conforme aux droits et à la dignité des personnes, ou bien la poursuite d'une sorte de déni avec son corollaire, le recours à la force et à la brutalité ?
Des mesures d'urgence doivent être prises, conformément aux recommandations du Défenseur Des Droits, pour répondre sans condition et sans délai aux besoins essentiels et vitaux de toutes ces femmes, hommes et enfants exilés ! Investis depuis des années aux côtés des milliers d'exilés qui subissent ce chaos alimenté par l'indécision des autorités locales et nationales, le Secours Catholique et Médecins du Monde ont décidé de saisir la justice à cette fin.
Le 26 octobre, aux côtés de requérants soudanais, érythréen, irakien, afghan, syrien, nos associations ont déposé devant le tribunal administratif de Lille un recours en référé.
Elles appuient leur requête sur la violation de plusieurs droits fondamentaux : le droit au respect de la vie, le droit à la dignité humaine, le droit de ne pas subir de traitements inhumains ou dégradants, le droit d’asile. Elles sollicitent du juge que soient prises en urgence par l’administration des mesures de nature à répondre, sans condition et sans délai, aux besoins essentiels et vitaux de toutes ces femmes, hommes et enfants exilés.
Au delà de la réponse sanitaire et sociale immédiate qui s'impose, c'est à un réexamen complet de la politique des pouvoirs publics auquel nos associations appellent :
Il est temps de renoncer à la politique de "ghettoïsation" et de concentration de tous les exilés dans un même lieu, comme l'a imposé la Maire de Calais il y a un an ;
Il est temps de demander fermement à la Grande Bretagne une renégociation des conditions d'accès au territoire britannique des exilés qui veulent s'y rendre. Le fatalisme actuel du Gouvernement sur ce sujet est incompréhensible ;
Il est temps de mettre en place, sans délai, un plan d'ensemble national et européen pour l’accueil digne des exilés, à la hauteur des enjeux et des défis actuels.
Migrants: plus de 12 600 arrivées en Slovénie en 24h, un record
Les réfugiés tentent désormais d'atteindre l'Allemagne en passant par ce petit pays d'Europe centrale depuis la fermeture de la frontière hongroise.
Après la Macédoine, la Hongrie ou la Serbie, c'est au tour de la Slovénie d'être débordée par l'arrivée de dizaines de milliers de migrants. Plus de 12 600 migrants sont arrivés en Slovénie en 24 heures, a annoncé la police slovène jeudi. C'est un record qui dépasse même ceux enregistrés en Hongrie au plus fort de la crise en septembre.
Jeudi matin à 6 heures (heure locale), un total de 34 131 migrants étaient entrés en Slovénie depuis samedi, date de l'arrivée du flux dans ce petit pays, contre un cumul de 21 455 la veille à la même heure, soit une progression de 12 676 personnes en vingt-quatre heures.
La Slovénie, un petit pays de deux millions d'habitants, s'estime débordée par cet afflux, alors que plus de 10 000 migrants attendaient jeudi matin sur son territoire de pouvoir continuer leur route vers l'Autriche puis l'Allemagne.
La Slovénie attend une aide européenne
Le flux devait rester important: de "2000 à 3000" migrants attendaient jeudi matin de pouvoir entrer en Slovénie depuis la Croatie dans le secteur de Rigonce/Harmica, a indiqué la police slovène.
La Slovénie, qui a fait appel à une aide européenne, doit recevoir en fin d'après-midi le commissaire européen aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, pour lui faire part de ses besoins.
Ce pays est devenu samedi le principal pays d'entrée de migrants en zone Schengen en Europe centrale depuis que la Hongrie a fermé sa frontière croate par où transitait auparavant le flux.
Italie : le village de Riace reprend vie grâce aux migrants
Dans des zones désertées de l'Italie du Sud, l'arrivée de migrants a repeuplé des petits villages.
Italie : Riace reprend vie grâce à l'arrivée de migrants
Si l'accueil des migrants est parfois décrit comme un casse-tête, il est aussi dans certaines circonstances une bénédiction. Depuis quelques années, la population de Riace, en Italie, a presque entièrement changé. Dans les petites rues du centre, en plus de l'italien, on parle arabe, kurde ou encore ourdou. "Ici, on nous donne le logement, de l'argent de poche pour la nourriture, on nous paye des cours d'italien, l'hôpital...", explique au micro de France 2 Shakil Ahmed, réfugié pakistanais. Avec sa femme, ils reçoivent chaque mois 600 euros de la part de l'État en monnaie de Riace, à l'effigie de Martin Luther King.
Une opportunité
Car l'accueil massif de migrants est aussi un rêve pour les commerçants du village. "Pour nous, c'est un vrai plus économiquement parce que comme cette monnaie n'est valable que dans le village et bien les migrants font tous leurs achats chez nous", confie Alessio Fulco, commerçant. Avec cette monnaie locale, ils font en quelque sorte crédit aux réfugiés avant d'être remboursés par l'État.
Depuis que Riace accueille des réfugiés, ses rues désertes reprennent vie avec partout des ateliers où les nouveaux venus travaillent le verre ou le cuir aux côtés d'habitants du village. Une révolution bien acceptée par la plupart des villageois. Dorénavant, dans la petite localité, un habitant sur trois est un réfugié.
Danielle Sutra
14 rue Porte en Rivière
09600 Laroque d'Olmes.