Quelles initiatives pour aider les migrants en France ?
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La photo du jeune Aylan, 3 ans, mort noyé en tentant de gagner l’Europe, a suscité un émoi international et donné un visage aux milliers de migrants qui affluent depuis la Méditerranée. En France, l’opinion publique semblait encore très récemment réticente à l’accueil des migrants (à 56 % selon un récent sondage) mais de nombreux citoyens cherchent des moyens d’agir. De la simple pétition à l’accueil d’un migrant chez soi, l’action peut prendre diverses formes.
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Pétitions en ligne
C’est la démarche la plus immédiate pour faire entendre sa voix aux décideurs politiques. Plusieurs pétitions circulent sur Internet. L’une des dernières en date, intitulée « Nous voulons accueillir des réfugiés », a été lancée le 1er septembre par la Vague citoyenne – un mouvement né dans le sud-ouest de la France –, a déjà recueilli plus de 16 000 signatures. Une pétition, adressée aux chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE), « Pour que cesse la honte en Europe », a rassemblé 460 000 personnes depuis juillet. D’autres textes se focalisent sur des sujets plus spécifiques, comme l’aide médicale aux migrants de Calais par exemple.
Rassemblements citoyens
A la suite d’un appel sur Facebook sous la bannière « Pas en notre nom » , quelques milliers de personnes ont organisé des rassemblements samedi 5 septembre à Paris, à Nantes, à Lyon et dans plusieurs autres villes pour exprimer leur solidarité avec les migrants.
D’autres rassemblements sont annoncés notamment dimanche 13 septembre à Rennes et Marseille.
Dons aux associations et aux ONG
Dans les pays d’origine des migrants, sur les parcours qu’ils empruntent ou dans leur pays d’accueil, les migrants sont aidés par de nombreuses associations et organisations non gouvernementales (ONG) déjà très bien structurées, mais qui ont besoin pour fonctionner de recevoir de l’argent privé. En France, les dons donnent droit à des réductions d’impôts allant de 66 % à 75 % de la somme versée.Présente à la fois au niveau international et dans chaque ville de France, la Croix-Rouge intervient en situation d’urgence et dans l’accompagnement de long terme, sanitaire et social. Caritas (Secours catholique en France) développe aussi une mission internationale d’aide aux migrants.Sur les questions de santé, Médecins du monde et Médecins sans frontières agissent également dans les pays d’origine, sur les routes de migration (notamment en Méditerranée) et en France. Pour aider plus spécifiquement les enfants, on peut adresser ses dons à l’Unicef ou à l’ONG Save the Children, présente dans plusieurs pays d’Europe.Plusieurs ONG ou associations se consacrent davantage à l’aide aux réfugiés ou aux demandeurs d’asile : le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) au niveau international, France Terre d’asile, la Cimade, le Gisti…
Dons en nature ou bénévolat
Spontanément, en voyant la détresse des migrants, de nombreux citoyens cherchent à offrir de la nourriture, des vêtements ou divers objets qui ne sont pas toujours utiles. « La générosité est importante, mais elle doit s’organiser pour ne pas se disperser ou rester un feu de paille », avertit Pierre Henry, porte-parole de France Terre d’asile, qui conseille par exemple de se renseigner auprès des associations locales ou des centres d’accueil des demandeurs d’asile, présents sur tout le territoire français, pour évaluer leurs besoins.
De même, lorsqu’on souhaite offrir de son temps en devenant bénévole, le plus efficace est de s’adresser aux antennes locales des ONG citées ci-dessus. Plusieurs types de profils sont recherchés en fonction des missions : distribution de nourriture, interprétariat, cours de français, accompagnement dans les démarches administratives et conseil juridique… Mais Pierre Henry met en garde : « Le bénévolat est un engagement dans la durée. »
Hébergement
Pour éviter que les migrants dorment dans la rue alors que les centres d’hébergement sont saturés, des initiatives, encore modestes, proposent aux citoyens de les accueillir chez eux. Inspirée de l’organisation allemande Refugees Welcome, le mouvement Singa, soutenu par le HCR, vient de lancer un réseau d’hébergement des réfugiés chez l’habitant, baptisé CALM (Comme à la maison). Cet « Airbnb des migrants » qui met en relation des réfugiés mal logés ou sans domicile et des particuliers pour « quelques jours, quelques semaines et quelques mois » affirme avoir reçu 500 propositions en quelques jours.
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Le Service jésuite des réfugiés (JRS) a mis en place une initiative équivalente baptisée « Welcome ». Le principe est d’accueillir un réfugié dans sa famille pendant une durée déterminée (généralement quatre semaines). Le réseau est présent dans 17 villes. « Nous avons eu des centaines d’appels depuis avant-hier », explique Michel Cros, du JRS, qui insiste sur la dimension « amicale » et « humaine » de l’accueil, ainsi que la nécessité d’être situé assez près des préfectures, pour que le demandeur d’asile puisse effectuer ses démarches. Pour les personnes qui craignent de se lancer dans un engagement lourd, il est possible d’accueillir quelqu’un le temps d’un repas, d’un week-end ou pour des vacances.
Enfin, les personnes disposant d’un logement vacant peuvent le mettre à disposition des demandeurs d’asile en passant par un dispositif Solibail, qui propose un loyer modique mais assuré.
Danielle Sutra
14 rue Porte en Rivière
09600 Laroque d'Olmes.