Un camp humanitaire à Grande-Synthe dans quatre semaines
Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Maryline Baumard
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Un camp humanitaire verra le jour dans quatre semaines à Grande-Synthe (Nord), dans la banlieue de Dunkerque. Il remplacera ce que le maire, l’écologiste Damien Carême, appelait lui-même « le camp de la honte ». L’Etat, qui réservait son avis sur l’installation d’un campement aux normes internationales sur un espace inoccupé par la commune, a finalement donné son aval, lundi 11 janvier, à l’issue d’une réunion des services de la préfecture, du maire de Grande-Synthe et des équipes de Médecins sans frontières (MSF).
« L’Etat prend acte de la proposition que nous lui avons faite de déplacer les populations migrantes vers un espace plus digne et ne s’oppose pas au déménagement », rappelle le maire à l’issue de cette énième réunion. Depuis le début du mois de janvier, les rencontres se sont succédé, l’Etat demandant que la mairie et MSF s’engagent par écrit à sécuriser le lieu.
Travail de préparation engagé depuis l’automne
Face à l’urgence de la situation – campement dans la boue et les flaques d’eau regroupant près de 3 000 migrants, dont beaucoup de familles avec des jeunes enfants –, les logisticiens de MSF n’ont pas attendu ce feu vert pour travailler leur sujet. C’est l’association humanitaire qui est à la manœuvre et non l’Etat. Mais MSF avait besoin de l’aval étatique pour lancer les premiers coups de pelle sur le terrain.
Une équipe d’une dizaine de personnes travaille à l’élaboration de ce lieu qui pourra accueillir 2 500 personnes. Depuis l’automne, date à laquelle le maire de Grande-Synthe l’a sollicitée, cette équipe a pris connaissance du lieu et étudié les meilleures alternatives.
Mettant en œuvre en France les mêmes compétences que celles déployées dans les zones de catastrophe ou de guerre, MSF va construire en quatre semaines un village de tentes (500 chauffables pour 5 personnes chacune), avec des blocs sanitaires et un espace où les médecins de l’association, ainsi que ceux de Médecins du Monde (MdM) pourront consulter.
Par comparaison, l’Etat a annoncé le 30 août, par la voix du premier ministre Manuel Valls, la création de 1 500 places d’hébergement à Calais (ville voisine de 30 km) et n’est en mesure d’ouvrir les premières qu’aujourd’hui.
300 places d’hébergement d’urgence débloquées
Entre 2 500 et 3 000 personnes en attente d’un passage pour la Grande-Bretagne campent actuellement à Grande-Synthe. Ce sont très majoritairement des Kurdes. En provenance de Syrie, d’Irak ou d’Iran essentiellement, beaucoup ont déjà rémunéré un passeur pour les aider à franchir la frontière maritime.
Depuis la fin de l’automne, ils vivent dans la boue, car l’augmentation de leur nombre cet été les a repoussés au sein d’une zone inondable. Par ailleurs, ils dorment sous des tentes non protégées, car les forces de l’ordre empêchent l’introduction sur le lieu de matériel de construction.
Depuis que les premiers froids arrivent, les équipes humanitaires craignent les hypothermies. Pour répondre à cette urgence extrême, le préfet du nord a débloqué, mercredi 6 janvier, 300 places d’hébergement d’urgence pour les plus vulnérables.
Danielle Sutra
14 rue Porte en Rivière
09600 Laroque d'Olmes.