Grève de la faim et manifestation en soutien aux migrantEs à Calais
Depuis des années, à Calais et ailleurs, la police harcèle voire agresse les personnes migrantes et réfugiées, mais aussi, celles qui leur viennent en aide.
Samedi 13 novembre 2021 se tenait à Calais une manifestation en soutien aux personnes exilées et aux grévistes de la faim, en grève depuis 35 jours à l’église Saint-Pierre de Calais. Ces derniers jours, ce sont encore au moins trois personnes qui ont perdu la vie à la frontière lors du naufrage de leur bateau de fortune (des kayaks pour traverser le Détroit de Calais).
On en a assez de cette politique migratoire de non-accueil qui, depuis les années 1990, a entraîné plus de 300 morts ! Et c’est sans compter ceux disparus sans qu’on n’ait jamais retrouvé leur corps !
Grève de la faim pour dénoncer les traitements dégradants
À Calais, on compte environ 2000 personnes et au moins 300 enfants non accompagnés qui vivent dehors, dans des conditions inhumaines et qui subissent « un traitement dégradant » de la part des autorités françaises. C’est ce que concluait le rapport de Human Rights Watch du 7 octobre 2021. Le rapport indique qu’« en 2020, la police a procédé à plus de 950 opérations routinières d’expulsion à Calais et au moins 90 expulsions de routine à Grande-Synthe, saisissant près de 5000 tentes et bâches et des centaines de sacs de couchage et de couvertures ».
Pour dénoncer les violences policières envers les migrantEs et pour demander un arrêt des expulsions et des démantèlements de campements pendant la trêve hivernale, le père Philippe Demeestère, 72 ans, et deux autres militantEs, Anaïs Vogel et Ludovic Holbein, ont entamé une grève de la fin depuis le 11 octobre.
Malgré les négociations avec le représentant du Gouvernement, la situation s’enlise. L’Etat est intransigeant et préfère laisser dormir dans le froid des femmes et des enfants en continuant les démantèlements des camps, seul refuge des migrants pour survivre, ainsi que la confiscation de leurs effets personnels. En ce début de la trêve hivernale, les interventions policières visant le démantèlement des campements n'ont pas cessé. Nous disons Ya Basta !
De centaines de personnes ont manifesté leur solidarité aux exilés
En soutien aux grévistes de la faim, nous étions des centaines ce samedi 13 novembre dans les rues de Calais. Vers 14h30, le cortège est parti de la place Crèvecœur, lieu de l’église Saint-Pierre, nouveau lieu symbole de la résistance qui accueille les trois camarades grévistes. Juste avant, ceux-ci avaient fait une brève allocution où ils ont réitéré leurs revendications.
Ils demandent :
- la suspension des expulsions quotidiennes et des démantèlements de campements durant la trêve hivernale ;
- l'arrêt de la confiscation des tentes et des effets personnels des personnes exilées durant cette même période ;
- la mise en place d'un dialogue citoyen raisonné entre autorités publiques et associations non mandatées par l’État, portant sur l'ouverture et la localisation de points de distribution de tous les biens nécessaires au maintien de la santé des personnes exilées.
Ils sont apparus fatigués mais déterminés à continuer le combat. Pendant la manifestation, un hommage a été rendu aux migrants décédés en mer ou encore écrasés par un train ou un camion… Combien de jours de grève de la faim seront encore nécessaires pour qu’une réponse positive aux revendications soit obtenue ?
Les revendications des grévistes de la faim ne sont pas seulement justes mais elles peuvent être réalisées tout de suite. Elles se heurtent toutefois à cet État, un monstre froid, qui ne les entend pas.
Les migrants sont une richesse !
Alors qu’on voudrait nous faire croire le contraire, les migrantEs sont une richesse tant culturelle qu’économique.
Comme le démontre un rapport du 29 octobre de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le coût de l'immigration pour les États s'équilibre et peut même être positif. Il y est écrit que « dans tous les pays, la contribution des immigrés sous la forme d'impôts et de cotisations est supérieure aux dépenses que les pays consacrent à leur protection sociale, leur santé et leur éducation ». Pour la France la contribution nette des personnes nées à l'étranger serait de 1,02% du PIB.
L’impérialisme cause des crises migratoires !
La France et les autres pays impérialistes sont responsables de la misère dans de nombreux pays du fait de leurs politiques postcoloniales. Il serait donc logique de permettre à ceux qu'on a jeté dans la misère qu’on a poussé à traverser la Méditerranée, trop souvent au prix de leurs vies, d’obtenir des papiers et de pouvoir vivre dignement.
Les milliers de migrantEs fuient les guerres et les persécutions dont tous les États impérialistes sont directement responsables. Comme les autres, le gouvernement français a du sang sur les mains. Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso, Irak, Centrafrique sont autant de pays où la France mène ou a mené des opérations militaires et de reconquêtes de territoires ou de marchés. Ce sont autant de pays où prospèrent, sur le lit de la pauvreté et du rejet de l’occupation, les extrémistes qu’ils soient de Daesh ou de Boko Haram.
Le cadre juridique de l'asile, son application toujours plus restrictive, comme nos politiques migratoires, sont en décalage complet avec les réalités migratoires actuelles : le motif environnemental n'est pas pris en compte tandis que la distinction entre les causes politiques et économiques, artificielle et absurde, nie la multiplicité des migrations et dépolitise la question de l'environnement !
Ce que nous demandons
Ce qu’il faut dès maintenant c’est l’ouverture des frontières sans conditions pour tous les réfugiés, leur accorder le droit d’asile et des papiers. C’est la seule solution immédiate pour les extraire des trafics en tout genre et en premier lieu celui organisé par les États ! Les migrantEs qui survivent aux traversées sont autant de main-d’œuvre bon marché et de chair à patrons exploitable à l’envie ce qui permet au patronat de mettre en concurrence les travailleurs pour dégrader les conditions de travail de tous, avec ou sans papier. Les politiques racistes mettent une pression supplémentaire sur une frange de la population déjà surexploitée et entretiennent la division des travailleurs. Nous devons au contraire nous solidariser avec toutes celles et tous ceux qui subissent les politiques racistes des gouvernements de l’UE et réclamer en premier lieu des papiers pour toutes et tous !
En résumé :
- arrêt des expulsions quotidiennes et des démantèlements de campements à Calais et ailleurs ;
- arrêt de la confiscation des tentes et des effets personnels des personnes exilées ;
- régularisation de tous les sans-papiers. Tout système de sélection sur la base de critères, cumulatifs de surcroît, ne peut être qu'injuste et arbitraire. La régularisation « au cas par cas » ne règle pas le problème de fond ;
- égalité totale entre Français et immigrés (comprenant le droit de vote à toutes les élections) ;
- liberté de circulation : la question de l'immigration débouche sur la liberté de circulation, de séjour et d'installation. La perversité du marché prône la liberté totale de circulation des marchandises et des capitaux, mais elle le dénie aux êtres humains. C'est pour cela que le NPA se bat pour un autre monde, où les humains pourraient circuler librement, un monde organisé selon les besoins et non les profits ;
- réquisition des logements vides ;
- retraits des troupes françaises de tous les pays où elle est engagée.
Dès maintenant, les migrantEs ont besoin de soutien, pour trouver où dormir, de quoi manger, pour que le nombre de celles et ceux qui les appuient dissuade la police de réprimer comme elle l’a fait ces derniers jours à Calais et ailleurs. Il faut donc amplifier et répandre la solidarité !
No border!
Danielle Sutra
14 rue Porte en Rivière
09600 Laroque d'Olmes.