On les appelle les personnes dublinées. Derrière cette appellation administrative sans humanité ni compassion, il y a des dizaines de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants en détresse. Ces personnes ont fui la guerre et les persécutions dans leur pays d’origine, et sur le long chemin de l’exode jusqu’à l’Europe, elles ont affronté les dangers et les pires violences.
Contraintes à l’exil, ces personnes se sont accrochées à un seul espoir : trouver au bout du chemin une terre d’asile où reconstruire une nouvelle vie.
Mais la réalité est toute autre : ces personnes entrent dans la machine infernale du système Dublin qui permet à la France de les renvoyer vers leur pays d’entrée dans l’Union européenne, souvent l’Italie, la Grèce, la Bulgarie, l’Espagne, qui les renverra peut-être vers le pays à haut risque qu’elles ont fui.
Alors commence l’enfer pour ces personnes « dublinées » déjà très fragilisées et en quête de protection. Terrorisées par la menace des interpellations musclées, du placement en rétention et de l’expulsion, ce sont des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants contraints de se cacher dans des forêts, des squats, ou de vivre sous des ponts, privés de ressources et de toute possibilité de faire valoir leurs droits.
C’est seulement après 18 mois de « survie » dans ces conditions indignes que ces personnes peuvent enfin espérer faire leur demande d’asile à la France. 18 mois d’angoisse et d’attente inutiles.